Ideologie et terrorisme

Raymond Boudon avait attiré l’attention de Commentaire sur les travaux d’Alessandro Orsini. L’hypothèse à la base de cette étude est typiquement wébérienne : les actions des individus dépendent de leur état d’esprit ou de leur représentation du monde environnant. Les membres des Brigades rouges ont ce que Raymond Boudon a appelé la « rationalité située ». Influencés par leur contexte social de référence, ils interprètent le monde à la lumière d’une idéologie spécifique ayant le pouvoir de guider choix et actions. L’idéologie – pour reprendre les termes de Clifford Geertz – est à la fois une «source de sens» et un « programme », elle fournit une structure au comportement et pousse à l’action. Dans la perspective sociologique de Max Weber, de Raymond Boudon et de Clifford Geertz, un militant des Brigades rouges sera ici considéré comme « un animal suspendu dans des toiles de signification qu’il a luimême tissées